Psychiatrie : « Ça m’a traumatisé »… Des malades et des soignants dénoncent le recours fréquent à la contention

Publié le 7 juillet 2025 à 13:00

hôpitalCette pratique de derniers recours, qui consiste à entraver les mouvements des patients, est de plus en plus contestée par des associations et des soignants

L'essentiel

  • En France, 8.000 personnes sont contentionnées - entravées dans leurs mouvements - chaque année dans les services psychiatriques.
  • Des associations et soignants demandent l’abolition de cette pratique que le gouvernement a jugée « parfois nécessaire » mais « traumatisante pour les patients et pour les soignants eux-mêmes » dans son plan psychiatrie présenté le 11 juin.
  • « La plupart des personnes pensent que cette pratique n’existe plus ou qu’elle est réservée à des personnes extrêmement dangereuses mais ce n’est pas le cas », déplore Philippa Motte, paire aidante atteinte d’un trouble bipolaire et autrice de Et c’est moi qu’on enferme (Editions Stock), dans lequel elle raconte avoir été contentionnée.

Huit ans après les faits, Fabrice Saulière en pleure encore. En 2017, l’homme qui vient d’avoir 50 ans traverse une phase maniaque liée à son trouble bipolaire. Il accepte d’être hospitalisé au Vinatier, à Lyon, à une condition : ne pas porter le pyjama d’hôpital psychiatrique qu’il juge « humiliant ». L’équipe accepte mais quelques heures plus tard, celle de relève lui ordonne de se déshabiller et d’enfiler le vêtement. « J’ai à peine eu le temps de dire non qu’une dizaine de personnes ont débarqué dans ma chambre et m’ont sauté dessus pour m’attacher », se souvient-il, la gorge nouée.

Fabrice se débat dans tous les sens et insulte les soignants. Rapidement, on lui injecte un sédatif et il se retrouve attaché sur un lit, poignets, chevilles et ceinture abdominale noués. « L’un d’eux a même réussi à m’étrangler et ça m’a renvoyé à un œdème respiratoire que j’avais fait quand j’étais enfant. J’ai eu l’impression de mourir, témoigne le colosse de 1m90 et 100 kg, des trémolos dans la voix. Cela m’a traumatisé et m’a laissé des traces indélébiles. »

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